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Ressortons les pots de fleurs...
Aujourd'hui je vous propose un petit retour en arrière, avec la fin du récit de notre excursion sur la Péninsule Bruce…. C'était il y a cinq mois déjà, mais il faut absolument que je vous raconte, et, surtout, que je vous montre, ces merveilles du nouveau monde… Car c'est, jusqu'à présent, la plus inoubliable de nos balades canadiennes...
Nous avions passé le week-end de Thanksgiving à la pointe de cette presqu'île, qui étrangle le lac Huron pour former la baie géorgienne à l'Est.
Lac Ontario à l'Est, lac Erié au Sud, lac Huron/Baie géorgienne au centre, lac Michigan à l'Ouest et lac Supérieur au Nord. Dans l'encadré en bas à gauche, le parc marin de Fathom Five, à la pointe de la Péninsule Bruce.
Après une randonnée dans le parc national de la Péninsule Bruce, une flânerie sur le port de Tobermory, un coup d'oeil au-dessus de la canopée et une vaine poursuite du soleil couchant*, il ne nous restait plus qu'à faire une virée au large, dans le parc de Fathom Five, première aire marine nationale de conservation du Canada.
*Vous pouvez retrouver les articles correspondants à l'aide du calendrier à gauche: cliquez sur les 10 et 13 décembre 2013, puis cliquez sur le titre qui apparaît sous le calendrier.
Cette sortie a bien failli nous passer sous le nez, car le jour J, notre hors-bord - réservé la veille - déclarait forfait face à une houle un peu turbulente… Et puis finalement, malgré quelques craintes pour nos estomacs, nous avons sauté in extremis dans une autre navette plus intrépide et prête à lever l'ancre….Très bonne décision ! Car, loin d'avoir le coeur au bord des lèvres, nous en avons eu plein les yeux….
Notre vedette, c'est la petite orange.
La première escale nous amène au coeur d'une longue et étroite langue d'eau bordée de résidences plus luxueuses les unes que les autres, dont les occupants n'apprécient pas vraiment les intrusions: quelques pancartes du genre: "Non aux vedettes ! " nous accueillent froidement au fond de l'anse !
Entrée de l'anse de Big Tub
Car c'est ici que se cache l'un des 22 "trésors" sous-marins de ce parc naturel, qui suscite évidemment la curiosité des touristes et génère un incessant va-et-vient d'embarcations, juste à l'époque où les riverains commencent à profiter de la quiétude de leur terrasse au bord de l'eau… Il y a de quoi se fâcher, en effet !
Mais vous aimeriez bien savoir quels sont ces trésors ?
Ce sont les restes de vieux vaisseaux, dont l'un a fini acculé au fond de cette baie, après avoir lutté en vain contre une tempête lacustre (on a du mal à imaginer que ces eaux puissent être aussi déchaînées); l'épave gît à seulement 1 ou 2 mètres de la surface, de quoi l'admirer à loisir depuis un ponton, ou mieux encore, depuis une coque panoramique que proposent certaines compagnies.
Je n'ai pas de photos à vous montrer, ça ne rendait rien, mais je vous laisse imaginer….
A l'entrée de l'anse de Big Tub, le phare du même nom.
Nous rebroussons chemin et accélérons pour rejoindre notre destination principale: Flowerpot Island (l'île des pots de fleurs, nous y voilà !).
Navette à l'approche du débarcadère de Flowerpot Island.
A l'arrivée, un drapeau et une cabane en bois nous accueillent.
A l'horizon, l'île de Bears Rump (la croupe des ours)
Il est possible d'y jouer les Robinsons pour une ou plusieurs nuits: comme dans tous les parcs naturels du pays, l'accueil des campeurs est parfaitement organisé (emplacements pour tentes, cabanons, parfois yourtes, et sanitaires à compost).
Flowerpot Island recèle plusieurs curiosités naturelles:
- des espèces de fleurs rares, comme ces orchidées (que l'on n'a pas pu observer à l'époque, car trop tard dans la saison):
Cypripède royal et Habénaire dilatée
- des animaux plutôt sympathiques: couleuvres vertes et, tiens ! des écureuils roux … (Mais on n'en a pas vus non plus).
- mais surtout des beautés géologiques qui ont donné à l'île son nom !
Les fameux "pots de fleurs" ou piliers de pierre, formés par l'érosion.
Et qui dit érosion dit aussi grottes dans les falaises.
Ce que l'on devine moins aisément, c'est que ces formations rocheuses (des calcaires dolomitiques) sont exactement les mêmes que celles qui forment les falaises des chutes du Niagara, à 400 km plus au Sud ! (sur la frontière USA/Canada, juste sous le lac Ontario).
Elles forment l'escarpement de Niagara, qui serpente entre les Grands Lacs sur 725 km (ligne rouge ci-dessous).
source: Wikipedia
La différence majeure entre les falaises de notre île et celles des chutes, c'est que les deuxièmes sont à l'air libre (bien arrosées, c'est vrai, mais pas noyées), alors que les premières sont en grande partie immergées. Ceci s'explique par les différences de niveaux lacustres:
source: Wikipedia
Notre île des jardiniers est donc une petit émergence huronienne du bourrelet qui, sur ce schéma, surplombe le lac Ontario ...
J'en reviens aux beautés directement accessibles à nos cinq sens, et je vous présente un des endroits les plus saisissants de l'île, un havre d'air pur et de tranquillité ….
Mmmh ! On serait bien restés plus longtemps !
Des bénévoles cohabitent et se relaient sur place pour maintenir en état les bâtisses, héritages des anciens gardiens du phare (le phare a été remplacé dès 1969 par une simple tour métallique automatisée, sans intérêt).
Et même les toilettes font dans la poésie: "A loo with a view"
Dommage, la petite fenêtre a été masquée ! J'imagine que certains devaient faire passer leur envie de rêverie avant les petites envies des autres.
Comme j'ignorais ce que "loo" signifiait, j'ai fait ma curieuse sur le web, et j'ai appris que non seulement c'était un petit mot anglais désignant les cabinets d'aisance - jusque là, rien de renversant - mais qu'en plus cette petite cabane faisait partie d'un réseau de lieux référencés comme les plus beaux "petits coins" du monde !
Allez donc jeter un oeil pour choisir votre prochaine destination dépaysante:
Les plus beaux petits coins de la planète
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Commentaires
The "Loo" : un souvenir pour moi, le premier mot d'argot que j'ai appris à Londres quand j'avais 17 ans = les "chiottes".....