• Les canadiens étaient partis pleins d'assurance aux Jeux olympiques d'hiver à Sotchi, eux qui excellent en sports d'hiver. Le slogan officiel de l'équipe canadienne c'était "#We are winter", rien que ça ! Et ce n'est pas l'actuelle saison, championne d'enneigement et de gel, qui pouvait contredire ce cri du coeur.

    Selon la presse canadienne, le résultat est à la hauteur des espérances : le Canada prend la 4ème place pour le nombre de médailles (25), mais monte à la troisième place, devant les Etats-Unis, pour le nombre de médailles d'or (10). Rien d'exceptionnel, mais tout de même, cela vient confirmer le haut niveau atteint par les athlètes canadiens au cours des années 2000: les JO de Vancouver qui avaient rapporté 26 médailles au Canada (14 d'or) et la troisième place au classement général, ceux de Turin avec le même classement pour 24 médailles (10 d'or), et ceux de Salt Lake City avec une 4ème place pour 17 médailles (7 d'or). Alors pourquoi pas une deuxième place à la prochaine édition ?

    Les deux médailles d'or les plus attendues sur les 3 derniers jours étaient évidemment celles du sport national: la victoire des hockeyeuses a déclenché des cris et coups de klaxon à la sortie de l'école, et le dernier jour des jeux a couronné de gloire leurs homologues masculins. 

    Avant et pendant les jeux, les médias et les sponsors officiels appelaient les citoyens à soutenir les athlètes de diverses manières: par exemple, en envoyant les photos familiales de nos activités hivernales (Vous, tout sourire, sur vos skis, ou les enfants, hilares, sur leur luge) qu'ils intégraient dans des vidéos destinées aux sportifs pour qu'ils se sentent soutenus par leur compatriotes; ou en achetant et portant les vêtements de la collection olympique 2014 !

    We are winter

     Gros Nounours, qui est canadien, était le premier à s'équiper.

     

    C'est vrai qu'ils sont à l'aise sur la neige et la glace, ces Canadiens.

    We are winter

    Oui, c'est évident, il y a ce climat franc qui oblige à apprivoiser les éléments naturels pour continuer à vivre normalement, et qui bâtit une résistance au froid en béton; alors, quand il faut aller s'entraîner par moins quinze, pas de problème. Mais ce n'est pas tout.

    Et je crois que j'ai percé leur secret…

    C'est à l'école que ça se passe, j'ai mes sources...

    Car il y a un conditionnement particulier du mental, dès le plus jeune âge.

    C'est l'occasion de vous en dire encore un peu plus sur le système éducatif du pays.

    A l'école du Canada, on trouve bien souvent tous les niveaux, de la maternelle (à partir de 4 ans) à la fin de la 3ème (vers 14 ans), regroupés dans le même établissement. Ce qui fait un peu plus de 600 élèves dans l'école qui nous concerne.

    We are winter

    Et tous les matins, pour l'ensemble des étudiants, c'est le même rituel, déclenché et déroulé au haut-parleur dans toutes les salles de classe (c'est tout comme dans les séries américaines !): cela commence par l'hymne national, dans une version bilingue, que tout le monde entonne, droit dans ses bottes (de neige), avant de commencer sa journée de travail: "Ô, Canadaaaa! Terre de nos aïeueueux ! ….". C'est obligatoire dans toutes les écoles de l'Ontario, mais je suppose que cela se fait dans une majorité des provinces.

    De quoi fabriquer de fervents petits patriotes au bout de 10 ans, n'est-ce pas ?

    C'est un premier point. Mais ça ne suffit pas à fabriquer des champions olympiques.

    Après l'hymne, vient la prière du jour (car école catholique dans notre cas), puis les messages du jour.

    Eh bien, le vendredi 7 février 2014, la première annonce après la prière, c'était bien sûr… l'ouverture des JO de Sotchi ! J'imagine bien quelque chose comme :  " (….) In the name of Father, Son and Holy Spirit, Amen...  Now dear students, let's enjoy this day as the 2014 Olympic Games' Opening Day and let's support our great athletes! … ".  

    De quoi susciter un premier intérêt pour le sport et la compétition, pour peu qu'ils n'y soient déjà poussés à la maison. Mais ce n'est pas tout.

    Sachez aussi que dans les écoles du Canada, il y a toujours au moins un professeur dit ESL (English Learner Student) qui est chargé d'apprendre les bases de l'anglais aux élèves de langue maternelle étrangère. Un élément essentiel pour intégrer les vagues de petits immigrants venus du monde entier. Sur notre école, l'enseignante suit cette année une quinzaine d'élèves de tous niveaux. Elle vient les chercher dans leurs classes, une à deux fois par semaine, pour une heure de travail en petit groupes de 3 ou 4 étudiants.

    Mais revenons-en à nos champions, et futurs champions surtout.

    Il y a deux semaines, voici la note que nous a fait passer la professeur ESL:

    We are winter

    Température extérieure du jour: -10°C.

    Alors là, j'applaudis tout de suite, très sincèrement, car l'école dehors, non seulement c'est ludique, mais c'est aussi courageux de la part de l'enseignante! 

    C'est vrai, quel dommage de ne pas profiter de la neige alors qu'il y en a à revendre ! Et puis surtout, je souris en imaginant ce que ce genre d'annonce déclencherait en France : boycott immédiat des parents, vous ne croyez pas ? "Ah non, moi, pas question de laisser mes enfants jouer dehors, par le froid qu'il fait, pendant les heures de cours, les récréations sont faites pour çà! Et s'ils se poussent, et s'ils perdent un gant? Et si …."

    We are winter

    Rien de tel qu'une bonne bataille de boules de neige !

     

    Eh oui, au Canada, c'est aussi ça l'école ! Et c'est ainsi qu'on en fait des graines de champion de sports d'hiver.

    Ajoutez à cela le Family Day (voir mon précédent article), et vous fabriquez une fratrie de champions !

    La preuve par 3 : les soeurs québécoises Dufour-Lapointe, Justine, Chloé et Maxime, qui au ski cross ont remporté respectivement l'or, l'argent et une honorable 12ème place !

    Quand je vous dis que j'ai tout compris !

     

    Bon alors, d'ici à 2018, il faudrait que j'aille enquêter en Russie….

     


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  • Au Canada, pas de crêpes à la Chandeleur mais on se rattrape avec les pancakes du Shrove Tuesday, équivalent de notre Mardi Gras. C'est aujourd'hui !

    L'école ne rate pas l'occasion, bien sûr, et tout le monde a pu se goinfrer de pancakes au sirop d'érable à la récré du matin. Sauf notre Miss qui, depuis aujourd'hui, n'aime plus le sirop d'érable, alors qu'elle adorait ça la semaine dernière… Au point qu'elle a préféré se priver de pancakes! Allez comprendre !

    De mon côté, je n'appréciais pas vraiment le sirop d'érable jusqu'à en goûter avec les pancakes du petit-déjeuner, il y a quinze jours, lors de notre week-end au ski. Ce qui me gênait, c'était l'arrière-goût un peu fort en caractère, qui me rappelle le miel de châtaignier… Mais, un pur sirop d'érable canadien, bien équilibré, sur un pancake moelleux, c'est divin ! Me voilà rabibochée avec le célèbre nectar local.

    Encore mieux: avec une petite marmelade de fruits rouges et des baies fraîches, comme les fameux bleuets (myrtilles) de Colombie Britannique…Hmmm ! J'en salive encore ! 

    Stroke Day

      

    Quant au 2 février, ici, c'était la fête de la marmotte ! (Ca m'aurait étonnée qu'ils loupent une fête, ces Canadiens!)

    Je ne pensais pas qu'il y avait des marmottes au Canada (bon, après tout, pourquoi pas ?), en tout cas, c'est à son petit museau qu'on se fie, ici, pour prédire la durée de l'hiver. Lorsqu'elle sort de son terrier ce jour-là, si le temps est lumineux et qu'elle voit son ombre, elle prend peur et rentre à l'abri. C'est signe que l'hiver continuera pendant six semaines. Mais si le temps est couvert, elle restera dehors, signe que le printemps approche à grands pas !

    Il y a plusieurs marmottes célèbres au Canada et aux Etats-Unis; la marmotte ontarienne s'appelle Wiarton Willie (une marmotte albinos), et elle a prédit un printemps hâtif au cours d'une cérémonie officielle devant une foule de curieux.

    Six semaines après le 2 février, ça nous amène au 16 mars, soit la fin du March Break ou Relâche de mars.

    On en doute un tout petit peu, de l'arrivée prochaine du printemps, après ce troisième jour à -15°C … mais faisons confiance à la marmotte: au retour de nos vacances en France , nous verrons donc nos premiers bourgeons canadiens ! 

     

     

     


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  • Rentrée des classes en vert, le lundi 17 mars, pour la Saint Patrick ! 

    Notre écolière a fièrement chaussé ses ballerines vert pétant et enfilé une robe d'été vert anis … avant d'endosser l'incontournable kit hivernal "manteau-écharpe-bonnet-bottes&gants".

    Oui, parce que le printemps n'est pas tout à fait au rendez-vous (-9°C en descendant de l'avion dimanche soir): j'aurais deux mots à dire à Wiarton la marmotte ! ….

    Mais ça n'a pas perturbé notre Gros Nounours qui ne loupe pas l'occasion de boire une bière, en tenue de circonstance ! 

    Happy Saint Patrick !

     

    Attention tout de même si vous voulez fêter l'événement à l'extérieur: il faut être patient !

    J'en connais qui se sont pointés à leur pub préféré en sortant du bureau, détendus, insouciants; et là-bas on leur a gentiment montré la file d'attente pour le comptoir… De quoi préférer la solution bar-à-la-maison, pourvu qu'on ait fait des réserves.

     

    Pour le printemps, j'exagère un peu car il est bien à notre porte: les températures redeviennent positives ce matin (2°C déjà !), la pluie revient, la neige fond, les enfants baptisent leurs bottes dans les flaques, les cantonniers rebouchent les trous, les écureuils rembourrent leurs nids et paressent au soleil… Hummmh ! C'est de bon augure tout ça !

     

     


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  • Dimanche nous sommes allés faire un tour au Maple syrup festival (festival du sirop d'érable) qui se tient jusqu'à la fin mars au parc provincial de Bronte Creek, tout près de chez nous.

    Car la grande saison du sucre d'érable a commencé !… Ou presque...

    Nous voici pénétrant dans l'érablière, où l'on apprend que la sève nouvelle commence tout juste sa fulgurante ascension vers les bourgeons et que les acériculteurs vont entrer en action, et ce jusqu'à l'apparition des feuilles en avril. Il leur faudra récolter environ 35 litres d'eau d'érable pour obtenir 1 litre de sirop (2,5% de sucre seulement, pourtant c'est un taux très important pour un arbre… Evidemment, sinon on aurait déjà tous goûté au sirop de chêne ou au sirop de tilleul… mais on doit se contenter d'une petite tisane...)

    En réalité, les conditions requises pour que débute le phénomène, c'est une alternance de gel (la nuit) et dégel (le lendemain) sur plusieurs jours consécutifs.

    Pour l'instant il fait encore un petit -7°C ce dimanche après-midi ensoleillé… Tant pis, on va faire comme si...

    Première étape: trouver un érable à sucre (Acer saccharum, de préférence, mais acer nigrum ou même acer rubrum pourront faire l'affaire). Euh… sans les feuilles, je ne saurais pas vous dire comment on reconnaît l'érable…. Sans doute à son écorce et à son port (je vais réviser)...Passons directement à la deuxième étape.

    Deuxième étape: si l'arbre a un diamètre de plus de 25 cm (45 ans passés, assez robuste pour ne pas trop souffrir des saignées consécutives), on est autorisé à percer l'écorce et on y place un bec et un seau pour y récolter la sève (méthode artisanale, forcément).

    Festival du sirop d'érable

    Ah oui, on s'y croirait vraiment !

    Festival du sirop d'érable

    Festival du sirop d'érable

    Marrants ces petits seaux accrochés aux arbres !

    Festival du sirop d'érable

     On vérifie, on ne sait jamais !… Meuh non! Rien qu'un fond d'eau glacée, pfff !

    Troisième étape: faire bouillir la sève en plusieurs temps pour concentrer le sucre. La méthode ancestrale est celle des trois marmites. Ici on l'a vue en extérieur, mais habituellement c'est dans la cabane à sucre, bien sû(c)r !

    Festival du sirop d'érable

    Festival du sirop d'érable

    Mmmh ! Ca commence à se teinter joliment.

    De nos jours, les marmites ont été remplacées par des évaporateurs; les premiers modèles ressemblaient à cela:

    La saison du sucre est arrivée !

    Il y a aussi la méthode du bûcheron perdu au fond des bois et qui n'a rien emporté pour le goûter (pas trop prévoyant, le bûcheron !). Heureusement qu'il est malin: il perce un érable, récupère la sève dans une bûche creusée et la fait bouillir avec une pierre tout juste sortie du feu pour se faire une petite sucette, parfaite pour le goûter !

    La saison du sucre est arrivée !

     

    La saison du sucre est arrivée !

    La saison du sucre est arrivée !

     

    Quatrième étape: filtrer et conditionner le sirop ou le concentrer encore pour en faire une pâte ou des cristaux. Ainsi, jusqu'au milieu du 19ème siècle, le sirop d'érable a servi de sucre aux canadiens, avant d'être détrôné par le sucre de canne devenu alors plus économique. 

    Cinquième étape: déguster !

    - en sucette instantanée, fabriquée à la tire: on verse du sirop chaud directement sur la neige, on roule avec un bâton, et y'a plus qu'à goûter!

    - en bonbon, en beurre d'érable (à tartiner), en biscuit ou en simple coulis sur un pancake...

    Au festival du sirop d'érable

    Je commence à comprendre pourquoi, à une certaine époque, je n'avais pas apprécié le sirop d'érable: j'avais dû gouter à la version la plus concentrée dans un gâteau !

    Voilà, il ne nous reste plus qu'à visiter une cabane à sucre pour parfaire notre culture culinaire canadienne...


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  • Ça y est, au bout de 5 mois, j'ai enfin troqué mon numéro de téléphone mobile français contre un canadien… Pas très rapide à la détente, n'est-ce pas? Mais finalement, ça m'a assez peu manqué, vu que je suis devenue plus sédentaire que mobile. 

    Lorsque j'ai daigné mettre mon nez dans les sites web des fournisseurs, je me suis rendu compte que toutes les explications s'y trouvaient en français (Ah! C'est cool !…)… Evidemment ! Bilinguisme officiel oblige. Et j'ai fini par trouver ce qui me convenait. 

    Mais le vrai choc, c'est quand j'ai appelé le service client et que j'ai basculé dans la dimension franco-canadienne !… Euh, ça fait l'effet de … eh bien… comme si vous arriviez à une petite fête et qu'on vous accueillait à bras ouverts avec sourire et verre de champagne, sans oublier le: "Aaaah!!! C'est super que tu aies pu venir !"... 

    Parce qu'il n'y a pas plus accueillant qu'un répondeur franco-canadien.

    D'abord, c'est le tutoiement d'office (Hum, bon, après tout, je suis pas si  loin que ça de mes 20 ans…).

    Et puis, quand on n'a pas bien écouté le blabla et qu'on ne sait absolument pas sur quelle touche appuyer pour continuer la discussion, au lieu du traditionnel et très froid message franco-français: "Je n'ai pas compris votre choix, veuillez patienter, vous allez être redirigé vers un opérateur" (et puis vous attendez 3 minutes en décollant l'oreille du téléphone pour ne pas subir la musique en boucle qui énerve plus qu'elle ne détend !), ici on a droit à ça (avec un accent québécois hyper enthousiaste !):

    "Nous nous sentons un peu délaissés ! … Eh! Il semble que tu as peut-être besoin d'aide… On sera avec toi dès que possible… En attendant tu peux choisir un morceau à écouter: tape 1 pour te la cooler douce ! tape 2 pour bouger, tape 3  pour te détendre !…". Je n'ai pas tout noté mais le reste est du même acabit.

    Même choc des cultures pour mon frérot qui est tombé sur ma messagerie il y a quelques jours: "Euh… C'est normal qu'il nous tutoie, ton répondeur ?"

    (Quant à "Allo, t'es correct ?", traduisez par "Allo, tu vas bien?")


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