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La baie de Fundy est un bras de mer logé entre la côte sud du Nouveau-Brunswick et la côte nord de la Nouvelle-Ecosse.
Je n'avais jamais entendu parler de cet endroit, pourtant il s'y passe tous les jours un phénomène naturel notable : les plus hautes marées du monde (en tout cas, c'est ce qui est dit et écrit là-bas!).
L'amplitude moyenne est de 16,8m, et quand la mer se retire il en résulte des immensités de vase rouge sur le rivage.
Wolfville
Grand Pré
Nous faisons halte à Grand Pré, ancien village acadien, où nous découvrons quelques bribes de la vie de ces 1500 pionniers français, chassés de leurs terres par les anglais en 1755. Nombre d'Acadiens sont revenus en Nouvelle-Ecosse plus tard, mais ils ont dû s'établir dans d'autres zones.
A la place du village se trouvent quelques monuments au milieu d'un jardin, dont une église-mémorial et une statue d'Evangéline, héroïne du roman de H. Longfellow devenue symbole de la diaspora acadienne. Cette jeune fille perdit la trace de son amour lors de l'exode et le chercha toute sa vie dans le sud américain où elle avait émigré. Hélas, elle ne le retrouva que sur son lit de mort.
Le drapeau acadien: une petite étoile sur un fond bleu-blanc-rouge.
C'est évidemment une Acadienne qui nous accueille à la boutique du site historique national. Elle dit s'appeler Thibault ou un nom approchant, ça sonne bien poitevin ou angevin !
C'est le paysage de Grand Pré qui garde l'empreinte la plus vive des Acadiens. Ils avaient érigé des digues autour des champs cultivables pour protéger les récoltes, et les Planteurs de Nouvelle-Angleterre qui prirent possession des terres après eux continuèrent à les entretenir. Rien d'extraordinaire dans ce paysage rural, si ce n'est le travail de conception et de construction des digues, ce qui lui vaut d'être inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
En fin d'après-midi nous atteignons notre Bed and Breakfast, Willie Ed's B&B. Une belle maison de maître tenue par un couple charmant, où nous passerons la nuit la plus confortable de tout notre séjour.
Détail insolite, le propriétaire nous explique que le sous-sol de la véranda recèle un abri antinucléaire ! Apparemment des centaines de canadiens en auraient pourvu leurs maisons pendant la guerre froide !
Pour le diner nous pique-niquons sous les derniers rayons du soleil (hamburgers et frites achetées dans un "bouiboui" sur la route) au parc de Five Islands. La mer est haute cette fois.
Le lendemain, une demi-journée de route nous attend pour rejoindre l'île du Cap Breton où nous passerons les trois derniers jours de notre périple.
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L'île du Cap Breton, grande comme un département français, est la partie la plus océanique de la Nouvelle-Ecosse. On y pénètre par la chaussée de Canso, qui traverse le détroit du même nom, à Port Hawkesbury.
Les itinéraires insulaires ont été joliment surnommés : la voie Fleur de Lys à l'Est, la piste Cabot au Nord, et à L'Ouest la route Ceilidh (=celtique en gaélique écossais).
C'est celle-ci que nous empruntons d'abord. Beaucoup de nids-de-poules, et il va falloir s'en accommoder pour les 3 prochains jours, car on est à des lieues des routes impeccables du sud ontarien !
Ça sent bon le large et nous apercevons les chalutiers effectuant des ronds dans l'eau, avant de distinguer un maillage de bouées colorées tout autour. C'est la pleine saison de pêche, et malheureusement pas encore la saison des sorties "baleines" puisque ces croisières sont effectuées par les mêmes bateaux, nous explique-t-on au centre d'accueil des visiteurs.
Nous faisons une halte pique-nique très reposante dans les dunes et sur la plage de Port Hood.
Plus haut, à Mabou, nous croisons des panneaux indiquant des mines de charbon, dans un paysage de petite montagne. C'est aussi, d'après les guides touristiques, un haut lieu de la culture celtique qui s'anime de festivals durant l'été.
Avant d'emprunter la vallée de Margaree pour rejoindre notre hôtel à Baddeck, en plein coeur de l'île, nous nous arrêtons à la distillerie de whisky de Glenora, dont nous ne repartons pas les mains vides: une petite bouteille de whisky vieilli en fut de vin de glace. Original ! A déguster au retour...
A Baddeck, petite cité en rive du lac du Bras d'or, en réalité un bras de mer enserré par l'île, nous logeons au Telegraph House Motel & Inn.
Le village est encore en hibernation… La moitié des restaurants sont fermés et malgré le nombre de résidences hôtelières, ça manque d'animation, alors c'est une bonne surprise de trouver ce chanteur de country dans le pub où nous atterrissons finalement.
Baddeck est surtout connue comme un lieu de résidence de l'inventeur du téléphone (ou plutôt l'un de ses inventeurs), Alexandre Graham Bell. Sa demeure de Beinn Bhreagh (où il vécut ses dernières années) se trouve sur une pointe rocheuse du lac du Bras d'Or. On la devine ci-dessous au troisième plan, sur la gauche, dans les arbres.
Statue d'Alexandre G. Bell et de sa femme Mabel:
Un site historique lui est dédié à Baddeck, mais nous n'aurons pas le temps de le visiter. Notre premier objectif, c'est le Cabot trail, un rêve de bout du monde à portée de nos roues….
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Depuis Baddeck, pour rejoindre le pittoresque Cabot trail qui serpente le long des rivages du Cap Breton, nous choisissons le raccourci qui emprunte le traversier d'Englishtown, histoire de varier les plaisirs.
C'est presque comique, ce petit chenal de rien du tout qui sépare l'océan de la baie de St Ann. En deux minutes on se retrouve déjà de l'autre côté.
Et on est très vite dans les hauteurs et les lacets ...
… bientôt nous pénétrons dans le parc national des Hautes Terres du Cap Breton.
Premier essai d'observation des baleines et autres animaux de mer, sans succès.
Nous quittons le Cabot trail et le parc pour un détour le long des petits ports et criques aux airs de bout du monde...
Neil's Harbour
White point
Sur la baie d'Aspy, South Harbour, protégé par son cordon dunaire.
Après avoir rejoint le Cabot trail pour quelques kilomètres, nous le quittons de nouveau à Cape North pour pousser plus avant vers la pointe de l'ile.
Sugarloaf
Au pied d'une montagne en forme de pain de sucre, nous faisons la connaissance d'un des découvreurs du continent américain, John Cabot (de son vrai nom vénitien Giovanni Caboto), arrivé sur ces rivages en 1497, mais peut-être était-ce au Labrador ou à Terre-Neuve, rien n'est vraiment certain. Il laissera au moins son nom à l'itinéraire vedette de la Nouvelle Ecosse.
Anse de Capstick
Anse de Meat Cove, un pur bout du monde !
La route partiellement asphaltée qui y mène se finit dans un camping.
Retour sur nos pas et halte dans un autre havre maritime.
Bay Saint Lawrence avec son bassin naturel abrité du large
Nous quittons finalement la côte nord pour reprendre le Cabot trail et filer vers la rive ouest du Cap Breton, à travers les hauts plateaux où l'on croisera quelques névés.
La suite au prochain article….
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Au sommet des hautes terres (qui culminent à 535m), changement de décor: un peu de neige, des tourbières au milieu des bois, et peut-être des loups au détour d'un chemin...
Mais non, pas de loups, uniquement des plantes carnivores bien immobiles...
Les feuilles en outre de la Sarracénie pourpre.
Dans les bois, nous passons auprès d'un ancien abri de berger écossais.
L'océan n'est jamais loin, nous le retrouvons à l'Ouest à Pleasant Bay.
Des panneaux nous rappellent la présence potentielle des baleines dans ces eaux, mais après quelques minutes d'observation à l'oeil nu et aux jumelles, on s'avoue bredouilles !
Nous approchons bientôt du fief acadien de Chéticamp...
La ville nait vers 1780 avec l'installation d'acadiens revenus d'exil. C'est une communauté francophone, avec ses voisines Saint-Joseph-du-Moine et Margaree, qui vit de la pêche et du tourisme.
Nous dinons au restaurant Gabriel, un prénom très acadien, celui de l'amour perdu d'Evangéline , l'héroïne dont je parlais dans un précédent article (baie de Fundy ).
Il faut tout de même gouter au roi des provinces maritimes canadiennes, le homard !
Mais ce qu'on ne savait pas, c'est qu'on pourrait en acheter un à l'aéroport !… Il y a un étal et un vivier juste à côté du magasin de souvenirs, dans le terminal des départs . On vous le met dans un carton avec de la glace et vole, le homard !
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Notre dernière recréation dans le "Canada's ocean playground", comme annoncé sur les plaques d'immatriculation, a été consacrée à la visite de la forteresse de Louisbourg.
Ce bastion français est établi en 1713 sur une pointe rocheuse au nord-est de l'île Royale (actuel Cap Breton); lorsqu'elle y devient capitale en 1918 elle est fortifiée pour parer la menace des Anglais qui assiégeront deux fois la ville.
Ce fut à l'époque l'un des principaux points d'entrée en Amérique du Nord, en concurrence avec le port de Boston; mais en 1760, suite à la capitulation de Québec puis de Montréal devant les britanniques, Louisbourg fut évacuée puis détruite.
Le Traité de Paris, 3 ans plus tard, marque la fin de la Nouvelle-France ! Les possessions françaises au Canada se réduisent alors à l'île de Saint-Pierre et Miquelon et à des droits de pêche le long des côtes de Terre-Neuve et du golfe du Saint-Laurent .
La citadelle de Louisbourg est déclarée site historique national en 1928, mais la reconstruction ne débutera qu'en 1961. Environ un quart de la ville a été ainsi restauré.
On peut aujourd'hui déambuler entre les maisons, les ateliers, les échopes, les tavernes, les étables et les fortifications en prenant le bon air marin qui vient de tous les cotés… L'endroit est très calme en cette journée de mai, on y croise quelques visiteurs et quelques animateurs en costumes pour nous renseigner…, rien à voir avec l'affairement qui y régnait au 18ème siècle autour de la pêche à la morue, du commerce avec les autochtones Micmacs et les Acadiens, des allées et venues de voyageurs et militaires...
Playground oblige, s'amuse avec les enfants à découvrir les lieux au gré d'une chasse aux trésors.
Le phare de Louisbourg est le premier phare construit au Canada (1731).
L'actuel phare en est la troisième version.
Vers 1740, la cité comptait près de 2000 habitants, dont 65% de civils et 35% de militaires. Parmi eux, des autochtones Micmacs et quelques esclaves africains.
Il y avait une école pour les jeunes filles, tenue par les soeurs de la Congrégation de Notre-Dame, basée à Montréal.
La porte Frederic, qui donne directement sur la mer, porte d'entrée de la plupart des marchandises et des voyageurs.
Le bastion du Roi, qui abrite notamment les appartements du Gouverneur.
Un observatoire astronomique y avait même été installé.
La chapelle du bastion du Roi.
L'église du village n'a jamais été construite en raison du manque de moyens et de la faible influences de missionnaires.
Une salle des appartements du Gouverneur.
Nous prenons une autre route pour rentrer à l'hôtel, qui passe par le petit port de Main-à-Dieu,...
...la ville de Iona, sur le lac du Bras-d'Or, où un panneau nous souhaite la bienvenue en 4 langues, dont le micmac et le gaélique écossais.
A Little Narrow, nous devons prendre le ferry pour traverser une autre ramification du lac du Bras-d'Or. Il faut plus de temps pour en monter et descendre que pour traverser ces 100 mètres d'eau !
Nous traversons également 3 communautés micmaques sur les rives du lac: Eskasoni, We'komaq et Wagmatcook. On ressent tout de suite la différence culturelle avec les villages anglo-saxons: les maisons sont plus modestes et les gens sont plus souvent dehors et en groupe. Ils tiennent quelques boutiques de souvenirs et de tabac au bord de la route, et on aperçoit parfois un teepi pour le folklore.
Le lendemain, c'est le retour vers l'aéroport d'Halifax, avec une halte pique-nique très sympathique au marché fermier de Truro.
Bye bye Nova Scotia. Bye bye l'océan atlantique !
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